Le Québec, cancre ou bon élève ?

Le Québec est moins généreux que plusieurs pays riches dans son aide aux personnes défavorisées. C’est ce qui ressort d’une étude rendue publique vendredi.

Mis à jour hier à 6h00

Jean-Hugues RoyLa Presse

Ce qu’il faut savoir

Québec veut moderniser son régime d’assistance sociale avec le projet de loi 71.

Une consultation de trois jours sur ce projet de loi commence ce mardi, à Québec.

Une étude indique que le Québec est moins généreux que bien des pays du nord de l’Europe dans son soutien aux personnes démunies vivant seules.

L’étude de l’Observatoire québécois des inégalités arrive au moment où Québec cherche à moderniser ses programmes d’assistance sociale. Le 11 septembre dernier, la ministre responsable de la Solidarité sociale, Chantal Rouleau, a déposé le projet de loi 71, qui vise notamment à « simplifier le régime d’assistance sociale ». Une consultation de trois jours commence ce mardi à l’Assemblée nationale, à Québec.

L’Observatoire a comparé le Québec avec les 38 pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui regroupe les pays les plus riches de la planète. Quand on calcule l’aide versée aux plus démunis et qu’on la compare au revenu médian après impôt des gens qui sont dans la même situation familiale, le Québec se situe généralement assez proche de la moyenne des pays de l’OCDE. Tout dépend cependant de la situation familiale des prestataires.

Ménages sans enfants

Au Québec, les ménages composés d’une personne vivant seule, sans enfants, reçoivent des prestations d’assistance sociale qui représentent 20 % du revenu médian des ménages semblables au Québec. La proportion dans les pays de l’OCDE est de 22 %.

Pour les couples sans enfants, les prestations du Québec représentent aussi 20 % du revenu médian après impôt des couples sans enfants au Québec. Mais l’écart avec la moyenne de l’OCDE (24 %) est plus grand.

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Ménages avec enfants

Les prestations fédérales et québécoises destinées aux familles viennent améliorer la position du Québec dans le palmarès de l’Observatoire.

Grâce à l’Allocation canadienne pour enfants et l’Allocation famille du gouvernement provincial, entre autres, le Québec s’avère plus généreux que la moyenne des pays de l’OCDE.

Les prestations versées à des familles monoparentales de deux enfants représentent 35 % du revenu médian des familles dans la même situation au Québec. La proportion est de 32 % chez les couples avec deux enfants qui bénéficient de l’assistance sociale. Dans ces deux cas, la moyenne des pays de l’OCDE est de 29 %.

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Dans le peloton du milieu

Cette étude confirme l’existence d’une tendance lourde, selon le porte-parole et analyste politique du Collectif pour un Québec sans pauvreté, Serge Petitclerc : le Québec serait très « moyen » et n’aiderait pas les démunis autant qu’on aimerait le croire.

Le Québec fait mieux que le Canada et l’Amérique du Nord, mais moins bien que les pays du nord de l’Europe [avec lesquels on aime bien faire des parallèles].

 Serge Petitclerc, du Collectif pour un Québec sans pauvreté

Selon l’auteur de l’étude, Geoffroy Boucher, cette dernière dément l’idée reçue selon laquelle le Québec serait plutôt social-démocrate. « Ça ne suit pas le narratif habituel », souligne-t-il.

Le projet de loi 71 ne coûterait rien de plus à l’État, a annoncé Chantal Rouleau. Geoffroy Boucher se demande comment Québec va réussir à rendre l’assistance sociale plus humaine sans augmenter les prestations aux démunis.

« Faire ça à coût nul est un bon défi », commente-t-il.

L’Observatoire estime qu’il aurait coûté 3 milliards en 2023 pour permettre aux plus démunis de répondre à leurs besoins de base : se nourrir, se loger, se vêtir.

Un investissement

Serge Petitclerc décrie la « logique du gouvernement », qui veut « rendre plus inconfortables les prestataires d’assistance sociale » pour qu’ils trouvent un emploi. « Eh bien, ça ne marche pas », signale l’analyste politique.

C’est une économie vigoureuse qui réduit le nombre de personnes assistées sociales, comme cela a été le cas au cours des 20 dernières années, souligne Serge Petitclerc.

Il craint qu’en plus d’augmenter la demande dans les banques alimentaires déjà surchargées, la réforme du gouvernement caquiste réduise les sommes que reçoivent les plus démunis et qu’elle engendre des problèmes plus coûteux à long terme, notamment sur le système de santé.

« Quand tu as moins d’argent pour te nourrir, tu peux avoir des problèmes de santé plus graves », note Serge Petitclerc.

https://www.lapresse.ca/actualites/2024-10-08/assistance-sociale/le-quebec-cancre-ou-bon-eleve.php?sharing=true&fbclid=IwY2xjawFyEbNleHRuA2FlbQIxMAABHf2OQPjIbQkd2DiA2rLgnl4DqM_9oT46TAyHUrAms1nyGumgM9LMCgiAEA_aem_BFKPZ9d0ncMYQukUGhbaKQ

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